Partie 1 : Le récap de la matinale « Entreprendre est-il bon pour la santé ? « 

Juil 12, 2018 | Ressources Humaines

Le cabinet GEIREC tend à se rapprocher des problématiques de ses clients en leur proposant des ressources sur leurs problématiques du quotidien. Cette fois, ce sont les dirigeants d’entreprise et les travailleurs non-salariés qui étaient à l’honneur à l’occasion de la dernière session des Matinales autour du thème « Entreprendre est-il bon pour la santé ? ».

Cette conférence était animée par Olivier TORRES, normalien et professeur à l’Université de Montpellier. Il s’est depuis plusieurs années spécialisé dans l’étude des PME, et plus particulièrement la santé de ces dirigeants. Ce « PMiste », comme il se qualifie, est l’auteur de plusieurs livres sur ce thème, et est aussi le fondateur de l’observatoire Amarok.

Un triste constat : les PME sont partout mais nulle part

Les PME sont partout : en France, elles représentent 99,84% des entreprises. On les retrouve dans toutes les régions de France, même à Paris. Et la situation est similaire dans tous les pays d’Europe, aux Etats-Unis, et en Asie.

Ce sont elles aujourd’hui qui créent le plus d’emplois : 7 millions d’emplois salariés. Elles sont les plus grosses créatrices d’emploi du pays, plus efficaces que les grands groupes (4,5 millions), ou que l’Etat lui-même, alors que la France est l’état le plus administré d’Europe avec ses 5,6 millions de fonctionnaires. Les travailleurs non-salariés (artisans, commerçants, agriculteurs, etc) représentent 3 millions d’emplois et sont des emplois créés par les PME.

Et pourtant, il n’existe aujourd’hui aucune théorie de la PME. Les PME sont partout sauf… dans les livres ! Toutes les théories de management, d’hier et d’aujourd’hui ont été fondées en étudiant de grandes industries, de grands groupes, qui vivent loin des réalités de la PME.

Henri Fayol, grand théoricien du management moderne, écrit en 1916 « L’Administration industrielle et générale », considéré aujourd’hui encore comme une référence dans le domaine. Sauf que Mr Fayol, a, toute sa vie, été directeur général des mines de commentry, une énorme structure. Le Taylorisme, inspiré par Frederick Winslow Taylor, se base sur la progression fulgurante de ce dernier, d’apprenti à directeur général, au sein d’une grande aciérie – pas une PMEI ; le Fordisme fait l’apologie de la production de masse, qui n’a jamais été le modèle des PME… Puis vient le Toyotisme, l’Ubérisation et les GAFA… aucune de ces théories ou de ces structures ne reflètent les réalités vécues par les dirigeants de PME.

« Le grand schéma narratif de l’économie ne parle que des grands groupes. Quand j’explique que j’étudie la santé des artisans, on me dit que c’est un sujet exotique » Olivier TORRES

 Lire aussi: La santé des travailleurs non-salariés: quelques informations clés

L’effet Gulliver, ou pourquoi une PME ne devrait pas répondre aux mêmes règles qu’un grand groupe

Les sciences économiques sont des sciences borgnes, car elles ne prennent en compte qu’une partie des acteurs.

Les PME subissent aujourd’hui ce qu’on appelle l’ « effet Gulliver » que l’on définit par un biais de représentation du monde à partir des géants.

Au nom de l’égalité, les lois de l’entreprise sont les mêmes, pour toutes les entreprises, petites ou grosses.  Le problème, c’est que ces lois sont souvent écrites du point de vue des élites politiques, pour répondre aux enjeux de grands groupes. Hors, les PME n’ont pas les moyens de les mettre en application! Si nous admettions qu’il y a des inégalités justes, et qu’on étudiait plutôt le cheminement vers la réussite que la simple réussite, ces lois seraient certainement plus justes pour les dirigeants d’entreprises de PME.

 « Les élites n’ont pas le logiciel PME. »

Elles partent des modèles des grands groupes et se contentent de les transposer dans la PME.

Un exemple concret est la mise en œuvre du compte professionnel de prévention (ancien compte de pénibilité). Ce document, rempli par tous les dirigeants d’entreprise, doit rendre compte de la pénibilité de leurs salariés au travail. Pour un grand groupe, ce n’est pas compliqué, on convoque son DRH, on prend 20 personnes en interim le temps d’estimer la pénibilité de chacun des centaines de milliers de collaborateur et c’est terminé. Pour une PME/TPE, il est extrêmement difficile pour le patron de définir cette pénibilité, à moins de convoquer chaque salarié pour lui poser la question.

Un autre exemple de la méconnaissance de la vie des PME par nos représentants politiques est le discours de Xavier Bertrand sur le manque dialogue social dans les TPE, qui serait selon lui, simplement basé sur l’absence d’instances de représentations du personnel dans ces structures. Alors qu’au contraire, s’il y a bien des lieux où le dirigeant connaît individuellement chaque salarié et est capable de gérer chaque situation personnelle au cas par cas, c’est justement dans les TPE/PME.

Pour en savoir plus sur la santé des dirigeants de PME, lisez la suite sur notre prochain article le récap de la Matinale « Entreprendre est-il bon pour la santé ?  » Partie 2 

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